Les entreprises françaises anticipent-elles le vieillissement de la population active ?
La population mondiale vieillit. |
Selon l'étude intitulée Is 75 the new 65, menée fin 2013 par l’« Economist Intelligence Unit » sous le parrainage du cabinet de conseil Towers Watson*, les chefs d'entreprise européens ont intégré le vieillissement de la population.
Ils sont ainsi 52 % à envisager une «redéfinition de l’offre en avantages sociaux» à l'horizon 2020, tandis que 47 % d'entre eux pensent que la gestion et la promotion des talents sera demain l’enjeu le plus important.
Les entreprises européennes s'apprêtent donc à s'adapter et à mettre en place les conditions de travail, d'horaires, de formation et d'avantages sociaux à même d'attirer, de motiver et de retenir les seniors.
Pour le directeur du département Retraites, Prévoyance santé et Avantages sociaux de Towers Watson France, ce n'est pas le cas des patrons français, dont 33 ont participé à l'étude.
Selon ce spécialiste, cité par le site Focus RH, « si 46 % des employeurs interrogés en Europe prévoient d’ici à 2020 de généraliser la remise à niveau des compétences de leurs employés seniors, en France, ils ne sont que 36 %.
De même, on observe que les employeurs (français) sont encore réticents à faire des avantages sociaux un élément de distinction dans leur politique de recrutement…»
La France, un îlot préservé ?
La France serait-elle protégée du vieillissement, au point d'éviter à ses entreprises l'adaptation à laquelle se préparent leurs concurrentes ?
Certes le dynamisme démographique de l'Hexagone atténue le vieillissement, mais il n'en est pas moins réel.
La France présente en revanche un certain nombre de particularités : les jeunes arrivent ainsi plus tard sur le marché du travail, tandis que les seniors le quittent plus tôt que partout ailleurs.
Dans les faits, seule la tranche 30-50 ans est véritablement active. Avant et après ces vingt années domine la précarité de l’emploi.
Est-ce à dire que les entreprises françaises considèrent qu'elles disposent du coup d'un réservoir de main-d'œuvre suffisant pour faire face au vieillissement de la population active ?
En outre, avec la retraite par répartition et la sécurité sociale universelle, les entreprises françaises n'ont pas à proposer d'avantages sociaux particuliers, mutuelles mises à part. Du moins aujourd'hui.
En Europe du Nord, où règne le «quasi-plein-emploi», les entreprises s'apprêtent à changer le travail pour attirer et fidéliser les hommes.
En France, où chômage de masse et emploi rare sont la règle, ce sont les hommes qui doivent s'adapter au travail. Et vieillissement ou pas, les entreprises françaises ne semblent pas prêtes pour l'instant à changer leurs habitudes.
Cette séniorisation de la population active promet de nombreux défis pour les RH en matière de gestion des compétences et de l'emploi au sein de l'entreprise.
Il s’agira de revoir les politiques RH pour, entre autres, aménager le temps de travail et la flexibilité, pallier à la pénurie de compétences essentielles et construire des stratégies proactives d'acquisition de nouveaux talents pour prévenir ce risque.
* Menée auprès de 480 dirigeants de grandes entreprises de plus de 2 000 salariés, dans 30 pays européens.
Pour en savoir plus : Retour sur l’étude « Les 75 ans sont-ils les nouveaux 65 ans ? » |