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L'organisation du travail telle qu'on la connaît depuis les débuts de l'ère industrielle sera-t-elle demain remplacée par une autre ?
Pour Hervé Novelli, à qui l'on doit le statut d'auto-entrepreneur, le monde du travail sera demain organisé comme il était avant-hier.
L'ancien ministre estime en effet dans une interview parue dans La Tribune que les femmes et les hommes offriront demain leur force de travail aux employeurs, non plus sur la place du village comme au XIXe siècle, mais sur des plates-formes sur Internet.
Pour certains spécialistes des ressources humaines, le salariat est voué à disparaître, tandis que pour d'autres il subsistera, mais différemment, grâce à une redistribution des cartes entre employeurs et employés. Bref, tout peut arriver et personne ne sait ce que demain nous réserve.
Ce qui est certain en revanche, c'est que l'ancien modèle se fissure : avec la montée en puissance des nouveaux outils de communication, les relations de travail changent, en raison notamment de la généralisation de l'accès à l'information et de l'appropriation, générale elle aussi, de « machines » ultra performantes que jadis seules les entreprises pouvaient s'offrir.
Alors que le chômage atteint des sommets, que l'actuel gouvernement souhaite réformer le droit du travail, que les entreprises sont favorables à cette réforme et que les salariés — et futurs salariés — se mobilisent au contraire contre elle, une des principales craintes des responsables des ressources humaines est de perdre la main, de ne plus pouvoir attirer les bons profils.
L’Entrepreneuriat séduit de plus en plus
Comment en effet recruter, former et retenir des salariés alors que les contrats de travail sont de plus en plus courts ou à temps partiels ?
Comment inciter les nouvelles générations à s'attacher à une entreprise quand dans le même temps ces jeunes entendent à longueur de journée que la précarité est désormais la règle et qu'ils devront demain enchaîner périodes de travail, de chômage, de formation… ?
En outre, le modèle que les entreprises promeuvent — autonomie, autoformation, contrats courts, mobilité — ne peut-il pas donner des idées à tous ceux qui sont suffisamment armés pour se débrouiller seuls ?
Les jeunes sont paraît-il de plus en plus séduits par l'entrepreneuriat, parfois par dépit sans doute, mais souvent aussi par intérêt, par envie. Plutôt que chercher un emploi, ils préfèrent le créer.
En revanche, celles et ceux dont l'entreprise souhaiterait se séparer sont précisément ceux qui sont les plus attachés à elle, parce qu'elle représente un cadre bien défini et qu’elle les protège des difficultés liées à la création et à la gestion d’une activité.
Le salariat est une manière de compromis qui permet d'inclure tout le monde, les meilleurs et les autres.
En essayant de trier le bon grain de l'ivraie, l'entreprise ne risque-t-elle pas en fin de compte de faire fuir ceux qu'elle souhaite attirer ?
Si oui, il sera alors temps de mettre en place de vrais parcours de formation à même de développer l'employabilité de ceux qui aspirent à rester en entreprise, même — surtout ? — s'ils ne sont pas les meilleurs.